Se connecter pour optimiser et accélérer les innovations

PNUD Bénin
5 min readFeb 2, 2022

Les pays de l’espace francophone d’Afrique ne partagent pas seulement des frontières physiques. Au-delà du fond culturel et de la proximité linguistique communs, ils partagent également des défis de développement dont certains, font l’objet de cycles d’apprentissage dans les différents Laboratoires d’accélération des résultats de développement du PNUD (Labs) francophones. Des points de convergence apparaissent pour favoriser l’apprentissage et les innovations.

Pendant trois jours, 13 Labs de l’espace francophone du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique se sont réunis du 18 au 20 janvier 2022 à Cotonou, au Bénin pour faire une revue de leurs expériences respectives, évaluer leurs succès et leurs manquements, réfléchir à des nouveaux mécanismes d’engagements plus prometteurs, partager la masse de connaissances et d’apprentissage générées et surtout se connaitre, au-delà du virtuel imposé par la crise sanitaire du Covid-19. Ils sont venus de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Niger, de la Mauritanie, du Mali, du Togo, du Congo, de la RDC, du Cameroun, du Tchad, du Sénégal et du Burkina Faso et ont été accueillis par leurs homologues du Bénin.

Ces trois journées ont fondamentalement contribué à construire de meilleurs innovateurs et à donner sens à la logique de réseau. Trois grands maillons d’apprentissage, comportant chacun des défis à la fois complexes et étendus peuvent être dégagés.

Premièrement, l’inévitable défi du numérique et de la digitalisation. Qu’il s’agisse de l’Etat civil (Togo), de l’éducation (Guinée), de l’optimisation de la cartographie de solutions (Bénin, Mauritanie, Congo), de l’utilisation des technologies disruptives comme la Blockchain (Bénin) ou encore de la dronotique (Côte d’Ivoire et Mauritanie), les opportunités qu’offre le numérique sont énormes face aux défis dans les pays concernés comme les contraintes institutionnelles, la problématique d’ancrage, le défaut de visibilité sur l’écosystème opérationnel, les difficultés de mise en œuvre de l’intelligence collective, y compris les questions d’appropriation nationale.

Deuxièmement, les défis connectés à l’informalité. Pendant que la Guinée continue de caractériser l’informalité sur le plan géographique, social et économique, de faire face à la problématique centrale des données sur ce phénomène en expérimentant le crowdsourcing à partir d’un modèle d’engagement social d’envergure nationale, le Congo et la RDC explorent les opportunités possibles dans le secteur informel en lien avec des créneaux comme la gestion des déchets. Le Cameroun, le Mali, le Bénin et à certains égards la Mauritanie et la Côte d’Ivoire tentent de comprendre l’informalité sous l’angle de la place des femmes, de l’innovation entrepreneuriale et de la vaste question de l’employabilité des jeunes ainsi que du financement de activités informelles.

Enfin, apparait en filigrane les défis pratiques de mise en œuvre de l’apprentissage. Ce qui appelle la prise en compte de tous les paramètres déterminants (couverture nationale, mobilisation des acteurs, données, domestication des méthodes d’innovation) d’une part, et la nécessité d’insuffler un leadership entraînant les parties nationales sur des apprentissages cruciaux comme la question des inondations au Sénégal, l’employabilité au Cameroun ainsi que l’étape de la mise à l’échelle des solutions éprouvées, d’autre part.

Aux frontières de ces défis communs, s’impose la pertinence de développer une proposition de valeur entre les Labs eux-mêmes et en direction des partenaires internes et externes. Il s’agit là d’une démarche d’optimisation pour donner sens à la dynamique d’accélération que suggèrent les mandats des Labs. Cela amène à identifier les canaux et les mécanismes d’optimisation et d’accélération de l’apprentissage sur les défis du développement.

Une nouvelle dynamique de connexion

Selon un adage populaire, « un poing bien fermé et compact a plus d’impact que cinq doigts bien dressés ». Les Labs francophones ont saisi la nécessité d’une dynamique d’ensemble. L’ensemble des connaissances générées, les particularités des expériences connues, l’évaluation des expérimentations éprouvées, les leçons des impacts réalisés constituent des leviers d’optimisation de premier plan qui peuvent servir efficacement l’apprentissage dans l’ensemble de la zone francophone.

Les échanges ont donné l’occasion aux Labs d’identifier les opportunités de connexion interpays sur les problématiques liées entre autres à la digitalisation, à l’employabilité des jeunes, au secteur informel, à la gestion des déchets, à l’agriculture, etc.

Les approches innovantes utilisées en Côte d’Ivoire dans la lutte contre la déforestation font écho à l’urgence du boisement en Mauritanie ; le changement social organique par l’engagement des forces sociales comme partie intégrante des cycles d’apprentissage par la mise en valeur du crowdsourcing, du citizen science et du system thinking en Guinée sert inexorablement d’apprentissage au Cameroun sur l’employabilité et à la Mauritanie dans son objectif d’étendre l’apprentissage à l’ensemble du territoire. La plateforme des Innovations au Bénin est une inspiration et un gain de temps pour le Congo, la Mauritanie, le Sénégal. L’expérimentation de la valorisation des déchets en charbon bio au Congo peut faciliter le travail de design thinking sur le même sujet en Guinée, au Mali, au Niger et en RDC.

Cette nouvelle dynamique de connexion des Labs passera, comme il ressort de l’atelier, par une claire formulation d’une proposition de valeur pertinente. Laquelle proposition facilitera la mise à l’échelle des initiatives au sein des bureaux pays par les partenaires nationaux et l’appropriation de nos processus par les communautés et les acteurs publics à la base.

En ce sens, la mise en œuvre des recommandations formulées peut constituer une étape cruciale pour laquelle, l’appui des équipes dirigeantes au niveau des Bureaux Pays est indispensable. Comme pour donner écho à cette citation de Benjamin Franklin « Parles moi, j’oublie. Enseigne-moi, je me rappelle. Mais impliques moi et j’apprends ».

Blog rédigé par Mamadou Lamarane BARRY /PNUD Guinée
Crédits photos : PNUD Bénin

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Le PNUD est le réseau mondial de développement dont dispose les Nations Unies. Il appuie le Bénin à relever les défis d’un développement humain durable.