Conservation de la forêt de Tanhounzoun au Bénin

L’agriculture sur brûlis, le pâturage pour le bétail, les feux de végétation constituent des menaces pour la forêt sacrée de Tanhounzoun au Bénin. Avec l’appui du Programme de Microfinancements du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF-FEM) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les populations riveraines œuvrent pour la restauration, la conservation et la gestion durable de cette forêt.

PNUD Bénin
5 min readMar 21, 2022
Mme Corinne Gnonhoué transportant quelques plants pour le reboisement de la forêt sacrée de Tanhounzoun

La forêt sacrée de Tanhounzoun est située dans le village Kingbè, dans la commune de Djidja à environ 150 km de Cotonou, capitale économique du Bénin. Elle abrite trois divinités : Tanhoun, Guédéguédékpo et Hêdjèlimè. Les populations ont recours à ces divinités pour trouver des solutions à leurs problèmes existentiels : sécheresse, épidémies, infertilité. Malgré son caractère sacré, la forêt de Tanhounzoun est confrontée à une dégradation accrue due à la pression anthropique. On enregistre la diminution du couvert végétal, qui est passé de plus de 100 ha à 16,08 ha aujourd’hui, sans oublier la fuite et la disparition de certaines espèces fauniques.

Dah Tanhounnon Dêmê, dignitaire du culte vodoun et gardien de la forêt de Tanhounzoun faisant l’historique de cette forêt

« Avec la dégradation avancée de la forêt, j’ai commencé à solliciter l’appui des partenaires technique et financier, c’est ainsi que le PMF-FEM a volé à notre secours. Nous avons commencé petit à petit le reboisement. Chaque année plus de 400 plants sont mis en terre avec l’accompagnement technique du cantonnement forestier de Djidja», a déclaré Dah Tanhounnon Dêmê, dignitaire du culte vodoun et gardien de la forêt de Tanhounzoun.

Depuis mai 2019, le PMF-FEM finance le projet de conservation de la forêt sacrée de Tanhounzoun par le biais des ONG Espoir Pour Tous et BASE. Dans la première phase du projet (2019 à 2021), le programme PMF-FEM a appuyé 140 bénéficiaires dont les membres du comité local de surveillance de la forêt, les jeunes et les femmes dans l’apiculture. Il a permis aussi la délimitation physique de la forêt par un ceinturon et la reconstitution du couvert forestier avec le reboisement. Cette forêt contient des espèces végétales comme le baobab, le Kaya senegalensis, le Kapokier et des espèces animales comme des singes, des oiseaux, des reptiles et des rongeurs. Des règles de gestion communautaire sont retenues ensemble avec la population et un mécanisme communautaire est mis en œuvre pour la gestion durable de la forêt.

De la moutarde locale en fabrication et des artisans vanniers en pleine action

Le projet propose par ailleurs, une alternative économique aux populations riveraines par la mise en place d’activités génératrices de revenus pour limiter leur pression sur les ressources forestières à des fins de subsistance. Avec l’encadrement technique de l’ONG BASE, les femmes organisées en groupement sont formées en poterie, en vannerie et pour la production de moutarde traditionnelle à base de néré. Elles sont capables aujourd’hui de fabriquer des vases, des plats, des casseroles, des gobelets, des canaris frigo et des canaris incubateurs de chaleur pour poussins.

Exposition de quelques produits fabriqués par les femmes potières formées par l’ONG BASE

Face aux effets des changements climatiques, l’une des innovations de ce projet est la fabrication des « canaris frigo », qui ont la particularité de conserver les produits alimentaires, fruits et légumes au frais pendant environ une semaine. Djidja est une commune rurale où la majorité des populations ne disposent pas encore de l’énergie conventionnelle ni d’équipements électro ménagers pour la conservation de leurs produits alimentaires. L’argile, principale matière première pour la poterie est disponible dans la commune.

Le “canari frigo”, qui permet de conserver les produits alimentaires

Ces différentes alternatives dont bénéficient toutes les couches de la population les encouragent pour la conservation de la forêt.

La Présidente du groupement des femmes potières de Kingbé, Mme Ayissobe Kahouhou témoigne:

Avec les formations que nous avons reçues en poterie, nous arrivons à gagner un peu plus d’argent que par le passé. Les revenus issus de la vente de nos produits nous permettent de subvenir aux besoins de nos familles sans forcément attendre nos conjoints et d’assurer la scolarité de nos enfants”.

Les forêts nous protègent. Si nous voulons assurer de façon durable la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et un travail décent aux populations, il est important de respecter et de faire un usage rationnel des ressources forestières. Je voudrais remercier les organisations de la société civile qui sont au coeur de la mise en oeuvre du Programme de Microfinancement du FEM, que ce soit au niveau du Bénin qu’au niveau mondial”, a déclaré M. Aoualé Mohamed Abchir, Représentant Résident du PNUD.

« D’ici à cinq ans, notre forêt retrouvera toute sa densité, sa forme initiale », promet Dah Tanhounnon Dêmê, gardien de la forêt de Tanhounzoun tout confiant. L’espoir est donc permis. Avec les actions en cours et les générations futures pourront découvrir un nouveau visage de la forêt Sacrée de Tanhounzoun.

Mise en terre de quelques plants avec l’appui des forestiers de la commune de Djidja

Texte et photos :Evelyne Guidigbi /PMF-FEM & Elsie Assogba / PNUD Bénin

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Le PNUD est le réseau mondial de développement dont dispose les Nations Unies. Il appuie le Bénin à relever les défis d’un développement humain durable.