Amélioration des conditions de détention au Bénin
Dans le cadre de ses actions de promotion des droits humains, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) œuvre à l’amélioration des conditions de détention dans les 11 établissements pénitentiaires du Bénin et à la réinsertion post-carcérale des détenus.
La mission d’une prison est de « protéger la société, assurer la sanction du condamné, favoriser son amendement et préparer sa réinsertion socio-professionnelle », explique Monsieur Serge Oké, Régisseur de la Prison Civile d’Abomey. Il apprécie à juste titre les appuis du PNUD à travers le Projet d’Appui à l’Amélioration de l’Accès à la Justice et à la Reddition des Comptes (PAAAJRC), mis en œuvre par le Ministère de la Justice et de la Législation.
« J’ai pu bénéficier d’une formation des régisseurs sur le Management des unités pénitentiaires. Cette formation nous a donné les aptitudes à réaliser des performances administratives. On a plus d’assurance dans la conduite de notre mission », témoigne Monsieur Oké.
Installée sur une superficie de cinq (5) hectares, la prison civile d’Abomey fait partie des trois prisons civiles dont disposent le Bénin pour accueillir les personnes condamnées à des peines privatives de liberté. A fin décembre 2020, cette prison abritait un effectif de 1227 détenus dont 700 condamnés.
Le PNUD a appuyé la mise en place du Système de Gestion des Établissements Pénitentiaires (SIGEP) et la formation des Régisseurs et le personnel du greffe pénitentiaire sur son utilisation. Ce système installé en 2019 est un outil d’aide à la prise de décision. Il permet d’obtenir des informations en temps réel sur la situation carcérale, le parcours du détenu, etc.
PRISE EN CHARGE PSYCHO-SANITAIRE DES DETENUS
Quelle que soit l’infraction commise, la vie en milieu carcéral n’est pas chose facile pour les détenus qui sont souvent confrontés à l’isolement et à l’oisiveté. Pour freiner la propagation du coronavirus, les visites des parents aux détenus ont été suspendus. Afin de réduire le risque que les détenus souffrent de dépression et d’autres problèmes de santé psychosomatique, le PNUD a recruté et mis à disposition de l’agence pénitentiaire du Bénin depuis octobre 2020 sept (7) médecins et trois (3) psychologues, tous Volontaires des Nations Unies (VNU) pour la prise en charge psychologique et médicale des détenus, face à la pandémie de COVID19.
« Depuis l’arrivée du médecin, il y a deux mois, il y a une amélioration dans la prise en charge sanitaire des détenus. Il est à leur disposition 24h/24 . Il supervise également le travail de l’infirmière », reconnait Serge Oké, Régisseur de la Prison Civile d’Abomey.
« Tout nouveau détenu est systématiquement reçu à l’infirmerie pour consultation. Nous prenons connaissance de son état de santé. S’il a des pathologies simples, nous les gérons ici, lorsqu’il a des affections particulières comme la tuberculose, le VIH/Sida, des problèmes d’ORL ou de chirurgie, nous le référons au Centre Hospitalier Départemental d’Abomey pour une prise en charge par des spécialistes », explique Edouard Kpahè, Médécin, Volontaire des Nations Unies en poste à la prison civile d’Abomey.
Un médecin et un psychologue ont été affectés à la prison civile de Parakou. Grâce à cette dotation en personnel, environ 300 détenus ont déjà bénéficié des services de soins à raison de 169 détenus entrant ou en fin de séjour qui ont bénéficié d’accompagnement psychologique, respectivement pour leur adaptation à l’environnement carcéral et pour leur préparation à la réinsertion en vue de la prévention de la récidive criminelle, d’une part et de 227 détenus, qui ont bénéficié de prestations médicales, d’autre part.
Dans la lutte contre la COVID-19, le PNUD a doté les maisons d’arrêts et les prisons civiles de 110 dispositifs de lavage de mains ; 48 200 masques de protection (réutilisable et médical) ; 2710 flacons de gel hydroalcoolique ; 11 thermomètres infra rouge et 1500 Gants en latex au profit de 9362 prisonniers.
FORMATION POUR LA REINSERTION SOCIALE POST-CARCERALE
Les règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus, encore appelées Règles Nelson Mandela, prescrivent de fournir aux détenus un travail productif suffisant pour les occuper pendant la durée normale d’une journée de travail ; de dispenser une formation professionnelle utile aux détenus qui sont à même d’en profiter, particulièrement aux jeunes.
A la prison civile de Parakou, le projet a appuyé d’une part, la réhabilitation de l’atelier de tissage avec l’acquisition de trois (03) machines de tissage, de trois machines à coudre neuves de marque moderne et dix cartons contenant mille deux cent (1200) bobines de fil de tissage de diverses couleurs et, d’autre part, la formation d’une quinzaine de détenus en tissage. Ces derniers seront présentés au Certificat de Qualification au Métier (CQM) en mars ou avril 2021. Tandis qu’à la prison civile d’Abomey, 200 détenus ont suivi la formation en fabrication de savon (liquide, solide et en poudre), du gel hydroalcoolique et de l’eau de javel qui contribuera à leur réinsertion socio-professionnelle.
Le régisseur de la prison civile d’Abomey envisage de mettre en place une ferme pénitentiaire à Abomey et un cadre organisationnel de formation à distance afin d’offrir aux détenus des possibilités d’acquérir d’autres compétences à même de les aider à réussir leur réinsertion après leur libération, l’objectif étant d’éviter la récidive d’infractions.
Texte : Elsie Assogba / PNUD Bénin ; Photos : Yezael Adoukonou /SNU Bénin et Elsie Assogba /PNUD Benin
